Tous les superlatifs ont été employés, toutes les images utilisées. Finalement, c'est Thierry Roland qui, en direct devant plus de 18 millions de téléspectateurs, a trouvé spontanément le mot juste, oubliant au passage toute convenance, emporté par l'émotion : "Ah, c'est superbe ! Quel pied ! Ah quel pied ! Ah p... ! Oh la la la la ! Ah, c'est pas vrai !" Et pourtant, si.
Ce n'est plus un rêve mais une réalité. Et quelle réalité ! L'Équipe de France vient de devenir championne du monde en battant le Brésil 3 à 0 en finale de la Coupe du monde 1998, au Stade de France, et tout un pays en liesse déborde de bonheur en cette fin de soirée du dimanche 12 juillet, une date à jamais gravée dans la légende du football tricolore.
Bien plus qu'une victoire, une apothéose, partagée par des millions de Français qui, subitement, n'ont d'yeux que pour Aimé Jacquet et ses Bleus, nouveaux héros de la nation. Ils n'ont pas encore conscience que leur vie vient de basculer, tout à leur joie d'avoir accompli une extraordinaire performance en remportant ce Mondial organisé sur leur sol. Et en hissant pour la première fois le football français sur le toit du monde.
Commencée un mois plus tôt par un succès contre l'Afrique du Sud (3-0), le 12 juin, la conquête de cette première étoile a été parachevée par un exploit face au Brésil, quadruple champion du monde (1958, 1962, 1970, 1990), grand favori de cette 16e édition avec ses Ronaldo, Rivaldo, Denilson, Bebeto, Dunga, Roberto Carlos et autres Leonardo. 3-0 !
Et 1, et 2, et 3-0 !
Il faut l'avoir vu pour le croire. 28e minute, corner de Petit de la droite, tête de Zidane. Et 1 ! 45e minute, corner de Djorkaeff de la gauche, nouvelle tête de Zidane. Et 2 ! 93e minute, passe de Dugarry, frappe croisée de Petit. Et 3-0 ! La victoire est totale, le sacre historique. Le visage de "Zizou" s'affiche sur l'Arc de Triomphe. Qu'elle semble loin la terrible élimination de la World Cup américaine quatre ans plus tôt...
Quatorze ans après le titre de champion d'Europe de la bande à Michel Hidalgo, en 1984, soixante-huit ans après le premier but de l'histoire de la Coupe du monde inscrit par Lucient Laurent, la France, trois fois demi-finaliste malheureuse (1958, 1982, 1986), goûte enfin au bonheur du titre suprême. Du bonheur à l'état pur. Ah, oui ! Quel pied !
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